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Quelles pistes pour combler le déficit dans l’aide publique au développement ?

Focus sur le système des Nations Unies

Le 13 juin 2023, à la veille de la septième conférence de Bruxelles pour l’avenir de la Syrie et de la région, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a annoncé la réduction de ses opérations en Syrie, en raison de la baisse de moitié des financements disponibles.

Cette réduction a lieu dans un contexte général tendu et difficile pour l’aide publique au développement (APD). L’OCDE relève une augmentation de 56% du déficit de financement pour les ODD en 2020, soit 3.9 mille milliards de dollars américains (voir Global Outlook on Financing for Sustainable Development 2023). Les Nations Unies estiment qu’il faudrait entre 3000 et 5000 milliards de dollars américains par année pour atteindre les objectifs de développement durable en 2030 (voir UNSG’s Strategy For Financing the 2030 Agenda).

Sur la période de 2010 à 2020, les contributions des Etats membres au système des Nations Unies ont augmenté (40 milliards en 2010 – 63 milliards en 2020, voir : Fondation Dag Hammarskjöld, page 11). Mais l’augmentation des financements ne suit pas celle des besoins en aide humanitaire et au développement.. Besoins qui résultent en partie du conflit en Ukraine, des effets du changement climatique, d’un environnement géopolitique tendu et d’une coopération internationale mise à mal, qui ont d’importantes répercussions mondiales et frappent davantage les populations les plus vulnérables. .

Pour répondre aux besoins importants en APD, le rapport de la Fondation Dag Hammarskjöld sur le financement du système des NUs plaide pour une mise à jour de l’organisation des systèmes de financement. Le rapport avance ainsi plusieurs pistes de réflexions.

Tout d’abord, il propose une révision de la façon dont les États membres répartissent leurs contributions volontaires aux fonds et programmes de l’ONU, qui devrait privilégier le ‘core funding’ (contributions de base, non affectées). Les chiffres de 2020 indiquent en effet que sur la totalité des financements (toutes ressources confondues) reçus par les NU, une grande partie d’entre eux (62%) sont des ressources affectées (‘earmarked funding’), c’est-à-dire consacrées à des programmes ou projets spécifiques sélectionnés par les donateurs (voir figure 1, note : ‘assessed contributions sont les contributions obligatoires des États).

Figure 1: Extrait du rapport annuel sur le financement du système des NUs, produit par la Fondation Dag Hammarskjöld (page 13)

Les ressources qui ne sont pas pré-affectées sont pourtant essentielles à la bonne réalisation des mandats des entités des NU. Elles garantissent à la fois flexibilité et impartialité, ainsi qu’une plus grande capacité d’adaptation et donc une meilleure réponse aux crises Plusieurs entités des NU ont notamment mesuré et expliqué comment ces ressources régulières constituent une contribution hautement qualitative à la réalisation de leurs mandats (par exemple : UNICEF, PNUD).

La seconde piste évoquée est un recours plus important à l’instrument des financements communs (pooled funding) tels que le CBPF (Country-Based Pooled Funds) et le CERF (Central Emergency Response Fund) de l’OCHA. Comparés aux financements affectés, les financements communs permettent également davantage de flexibilité d’utilisation, ainsi qu’une réponse plus agile et rapide face à des contextes (en l’occurence humanitaires) en mutation permanente (voir ‘Introduction to Humanitarian Pooled Funding’ par M. Griffiths, page 123).

Une troisième piste est le renforcement de la coopération et le développement de synergies entre les entités des NU et les Institutions Financières Internationales (IFI). En 2020, ces dernières n’étaient à l’origine que de 1% des financements au système des NUs (Fondation Dag Hammarskjöld, page 14). A l’image des collaborations (en termes financiers et opérationnels) existant entre le PNUD et la Banque allemande de développement (KfW), ou la Banque Mondiale (voir p.45), les autres entités des NU trouveraient un potentiel de solutions, encore peu exploité, dans une collaboration accrue avec les IFIs (voir Ulrika Modéer & Steve Utterwulghe).

Enfin le rapport évoque également d’autres pistes de réflexions importantes pour les États membres, telles que l’élimination des barrières au financement international, le renforcement de la coopération multilatérale et une réflexion sur les liens existant entre la dette publique et le développement durable, surtout dans les pays les moins avancés.

Par Noé Petitjean, membre de l’équipe de l’APNU Jeunes

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