Le multilatéralisme de l’avenir
Le 24 avril marquait la journée internationale des Nations Unies pour le multilatéralisme et la diplomatie au service de la paix Dans le message adressé aux États membres à cette occasion, le Secrétaire général constatait, une fois de plus, que l’engagement de ceux-ci – aux termes de la Charte des Nations Unies – de respecter les valeurs du multilatéralisme et de la diplomatie n’a pas été tenu. Et les a vivement engagés à renouveler cet engagement en faveur du dialogue et de solutions mondiales pour la paix.
Cette année de commémoration du 80e anniversaire des Nations Unies se déroule malheureusement sur fond de bouleversements mondiaux, de conflits de longue durée, d’un mépris croissant pour le droit international et le droit humanitaire, et de l’usage décomplexé de pressions unilatérales et de menaces dans les relations internationales. Tout cela suscite de nombreux questionnements sur la capacité du multilatéralisme onusien à apporter les réponses adéquates.
Dans un article récent, l’un des intervenants à la conférence de l’APNU sur le multilatéralisme de l’avenir, Reinhold Brender, propose une feuille de route pour une sécurité européenne, qui ne soit pas basée seulement sur le renforcement des capacités de défense, mais aussi sur le développement durable et la solidarité internationale. Les priorités :
- mettre en œuvre la Pacte des Nations Unies pour l’avenir, contribuer au financement de la durabilité mondiale par des mécanismes innovants et mieux coordonnés;
- développer une stratégie d’engagement avec le Sud global;
- réduire les insuffisances opérationnelles;
- renforcer le focus stratégique du Global Gateway;
- revoir le cadre des SDGs au-delà de 2030 et gagner « la bataille des arguments » par une meilleure politique de communication.
Dans son rapport « Notre Programme Commun » (Our Global Agenda) de 2024, le Secrétaire général évoquait déjà la nécessité d’un système multilatéral plus solide et plus inclusif, travaillant davantage en réseau et dont le socle serait le système des Nations Unies. Il ajoutait que, pour garantir un multilatéralisme efficace, il fallait une ONU efficace, capable de s’adapter aux problèmes du monde. Face aux coupes budgétaires décidées par l’administration américaine, Antonio Guterres a donc présenté le 25 mars des réformes prioritaires garantissant que l’ONU puisse rester efficace, y compris en termes de coûts, “par égard pour les contribuables”, et réactive par rapport aux besoins. Son initiative “UN80” a pour but de développer des propositions de rationalisation et d’amélioration de l’efficacité du système onusien, d’examiner la pertinence et la mise en œuvre des mandats décidés par les États membres. Elle sera pilotée par Guy Ryder, secrétaire général adjoint.
Le nouveau Ministre belge des Affaires étrangères et de la coopération internationale a pour sa part présenté son exposé d’orientation politique devant le Parlement, le 10 mars dernier. Les priorités “de sécurité” du SPF Affaires étrangères s’articulent autour de thèmes tels que la lutte contre le trafic de drogue, la migration, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la résilience climatique, la santé mondiale et les menaces à la cybersécurité, qui figurent depuis longtemps à l’ordre du jour de l’ONU et de ses agences spécialisées.
Face à la nouvelle administration américaine, le Ministre a réaffirmé que “la Belgique est un ardent défenseur du système multilatéral et de l’ordre international basé sur des règles”, et de la protection des droits fondamentaux et de la démocratie. Elle dénoncera toute entrave à celui-ci, y compris la remise en cause de la Cour pénale internationale”. l’exposé Le défi reste entier de donner corps à l’application de ces principes bienvenus, dans un contexte de réductions budgétaires, certes, mais aussi de resserrement des priorités sur les intérêts belges.La volonté de diversifier les partenaires, y compris du Sud global, et d’identifier avec les questions d’intérêt réciproque pour un multilatéralisme moins abstrait est l’une des pistes évoquées.
Bénédicte Frankinet