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Une aide temporaire qui n’en finit pas, l’étrange cas de l’UNRWA

Créée en décembre 1949, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, va bientôt célébrer tristement ses 75 ans. Intimement lié au conflit du Proche-Orient, l’objectif initial de cette agence était de servir d’opération de secours temporaire aux 750.000 réfugiés palestiniens fuyant la guerre de 1946-1948. Jusqu’à aujourd’hui, aucune solution durable n’a été trouvée, transformant cette agence en une entité de facto permanente et quasi gouvernementale, dont les défis n’ont cessé d’augmenter. En effet aujourd’hui le nombre de réfugiés sous mandat de l’UNRWA, est passé de 750.000 à 5,8 millions, couvrant les territoires de Palestine dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie.

Confrontée à des crises budgétaires récurrentes, l’UNRWA doit régulièrement convaincre les pays donateurs — en particulier en Occident — de continuer à apporter leur contribution, et ce d’autant plus que l’attention se porte sur d’autres conflits et situations dramatiques dans le monde comme la guerre en Ukraine, le tremblement de terre en Turquie, etc. C’est dans ce contexte que le Commissaire général, Philippe Lazzarini, s’est rendu à Bruxelles au mois de mars, pour rencontrer les représentants de l’UE et de la Belgique afin de souligner les besoins urgents de l’organisation pour continuer son soutien aux réfugiés palestiniens

Le Commissaire général a accepté l’invitation de l’APNU et de l’université Saint-Louis de rencontrer les étudiants en droit et en science politique (pour certains, peut-être nos futurs ambassadeurs). Ce dialogue a été l’occasion d’expliquer le rôle irremplaçable que joue l’UNRWA dans une région très instable, d’insister sur la stabilité que ses services contribuent à apporter aux réfugiés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, à Gaza, en Syrie, au Liban et en Jordanie. Ce dialogue a permis aussi de lever « plusieurs tabous ». Mr Philippe Lazzarini a répondu aux questions directes des étudiants dans un langage sans détour, et expliqué la situation inextricable de l’organisation.

On demande en effet à l’UNRWA d’assumer des fonctions quasi-étatiques et de délivrer des services publics à un grand nombre de personnes. Or, l’organisation, ne peut se prévaloir ni de fonctions régaliennes, ni de ressources propres. Pire encore, contrairement à d’autres agences des NU, elle dépend quasi-exclusivement de contributions volontaires des États membres de l’ONU. De plus, depuis les années 2010-2012, le processus de paix dans la région a été complètement gelé, le conflit israélo-palestinien n’est plus une priorité, ni dans le cadre de la politique domestique israélienne, ni dans les chancelleries internationales, et on assiste également à une baisse d’attention de la communauté internationale pour la situation des Palestiniens.

L’Agence a déployé des plans de modernisation ambitieux, y compris en matière de numérisation, pour s’assurer que ses services d’éducation, de santé et de protection sociale, essentiels pour ces populations, puissent continuer à être assurés de manière efficace. Maintenir une éducation de qualité, réhabiliter les camps, assurer l’universalité des taux de vaccination sont d’excellents retours sur investissement, mais nécessitent des financements réguliers. L’UNRWA a été pointée du doigt pour des responsabilités qu’elle ne pouvait pas entièrement assumer. Il y a là une responsabilité de la part des États de traduire le soutien politique en ressources adéquates.

Après avoir brossé un tableau plutôt sombre, M. Lazzarini a fait valoir que malgré cet environnement opérationnel difficile, l’UNRWA reste la bouée de sauvetage pour l’une des communautés les plus défavorisées et les plus désespérées de la région, sinon du monde. Aller à l’école, accéder à des services de santé ou recevoir de l’aide alimentaire sont, pour de nombreux réfugiés palestiniens, les seules sources de normalité. Et ils ne peuvent se tourner que vers la seule UNRWA pour obtenir cette normalité.

En conclusion, la seule solution durable aux problèmes de l’UNRWA passe par une solution politique au conflit israélo-palestinien. La jeune génération à laquelle s’adressait le Commissaire Général sera, nous l’espérons, porteuse d’espoir à cet égard.

✒️ Christine Van Nieuwenhuyse, Vice-présidente APNU

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