Intelligence artificielle : nécessité de développer et d’instaurer une gouvernance de l’IA, dans l’intérêt général
Le Pacte numérique mondial, annexé au Pacte pour l’avenir adopté en septembre 2024 par l’Assemblée générale de l’ONU, constitue le premier accord international majeur sur la régulation de l’intelligence artificielle (IA). Comme l’a souligné le Secrétaire Général, les perspectives de développement de l’IA sont extraordinaires, mais les besoins de régulation sont criants : la mise en place d’une gouvernance mondiale de l’IA est plus que jamais nécessaire .
Différents événements ont eu lieu en février pour aborder ce sujet
- Une première réunion de haut niveau à Bruxelles, sur la justice sociale et l’impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail
- Le Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle, organisé par la France à Paris, les 10 et 11 février 2025. L’événement, auquel a participé le Secrétaire Général de l’ONU, a réuni des milliers d’acteurs du secteur, issus de plus de 100 pays, parmi lesquels des chefs d’État et de gouvernement, des organisations internationales, des dirigeants d’entreprises, des représentants de la société civile, du monde universitaire et de la recherche.
La justice sociale à l’ère numérique : l’impact de l’IA sur le marché du travail – Une contribution à la Coalition mondiale pour la justice sociale
La discussion de haut niveau, organisée par le Comité économique et social européen (CESE) en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), s’est tenue à Bruxelles le 3 février. Elle a réuni Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’OIT, Oliver Röpke, président du CESE, ainsi que des ministres du travail des pays de l’UE et des pays partenaires de la Coalition mondiale pour la justice sociale, des représentants d’institutions européennes et internationales et des acteurs de la société civile, y compris l’APNU.
L’intelligence artificielle (IA) a le potentiel de révolutionner divers aspects de nos vies, en offrant des possibilités d’efficacité, de productivité et même de progrès sociétal accrues. Cependant, les injustices sociales qui pourraient résulter de son développement rapide et non réglementé suscitent également des inquiétudes. Les systèmes d’IA, souvent développés à partir de données biaisées, peuvent perpétuer les inégalités et les pratiques discriminatoires existantes. Ce décalage entre le développement de l’IA et les principes de justice sociale nécessite une approche proactive pour assurer une mise en œuvre équitable et responsable de cette technologie.
Les principaux objectifs de la discussion étaient donc d’examiner les moyens par lesquels l’intelligence artificielle (IA) peut :
- Profiter au monde du travail et faire progresser la justice sociale :
Aborder les potentialités de l’IA en matière d’efficacité, de productivité et de progrès sociétal, tout en reconnaissant les défis qu’elle pose.
- Répondre aux risques liés à l’IA :
Identifier et atténuer les injustices sociales potentielles, telles que les prises de décision biaisées, les problèmes de confidentialité et l’aggravation des inégalités dues à l’utilisation de données biaisées.
- Proposer des recommandations politiques concrètes :
Aligner le développement et le déploiement de l’IA sur les principes de justice sociale en se concentrant sur trois domaines clés :
- Promotion du travail décent : De nombreux gouvernements prennent des initiatives pour que l’IA favorise un travail décent.
- Inclusivité : L’IA doit respecter la diversité, notamment en intégrant les femmes et les groupes sous-représentés.
- Usage responsable de l’IA : L’IA est un outil de progrès qui doit protéger un travail juste, sans renforcer les inégalités.
La réalisation de ces objectifs nécessite une action collective, une collaboration internationale et un recours aux instruments multilatéraux. La coopération entre États, institutions internationales et acteurs de la société civile est indispensable pour que l’IA devienne un levier de progrès social et un outil garantissant un travail décent et inclusif.
En conclusion, utilisée de manière responsable, l’intelligence artificielle peut contribuer de manière significative à la construction d’un avenir du travail plus juste et équitable; pour y parvenir, une action collective est plus nécessaire que jamais.
Le sommet sur l’intelligence artificielle qui s’est tenu les 10 et 11 février à Paris a également abordé ces thématiques. Une soixantaine de pays, dont la France, l’Inde et la Chine, ainsi que l’ UE et l’ Union Africaine, se sont accordés sur une déclaration commune, pour une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique » ; en revanche, ni les États-Unis ni le Royaume-Uni n’ont signé le document, ni expliqué les raisons de leur refus. Pour plus d’informations sur ce sommet voir : IA : sommes-nous prêts pour l’avenir ? – ONU France
Cette déclaration réaffirme 6 grandes priorités :
« 1. Promouvoir l’accessibilité de l’IA pour réduire la fracture numérique.
2. Veiller à ce que l’IA soit ouverte à tous, inclusive, transparente, éthique, sûre, sécurisée et digne de confiance, dans le respect des cadres internationaux.
3. Permettre l’innovation dans le domaine de l’IA en créant les conditions propices à son développement et en évitant la concentration du marché, soutenant ainsi le redressement industriel et le développement.
4. Encourager un déploiement de l’IA qui ait une incidence positive sur l’avenir du travail et des marchés du travail et qui ouvre des perspectives de croissance durable.
5. Rendre l’IA durable pour les populations et la planète.
6. Renforcer la coopération internationale et promouvoir la coordination de la gouvernance internationale. »
Christine Van Nieuwenhuyse, Vice-Présidente APNU