Conférence-débat de l’APNU 13 octobre 2022
Le 13 octobre 2022, l‘APNU a pu organiser une importante conférence/débat en présentiel, en partenariat avec la Ville de Bruxelles et avec la participation de la FAO, de la Commission européenne et du CNCD. La conférence faisait partie du programme de la Quinzaine de la solidarité internationale 2022 de la Ville de Bruxelles, qui cette année portait sur la thématique: « Globalisation : injustices et opportunités » . Dans ce cadre, l’APNU s’est proposée d’étudier un aspect critique de la globalisation : la sécurité alimentaire. La conférence a donc eu pour thème « La mondialisation des systèmes alimentaires : opportunités et défis ». Elle s’est tenue dans la magnifique salle de La Bellone, rue de Flandre à Bruxelles avec près de 70 participants et s’est terminée par une sympathique réception.
La conférence a été présidée par Francoise Tulkens, Présidente de l’APNU qui a également modéré le débat. La conférence a débuté par une courte intervention de M. Raschad Al-Khafaji, Directeur du Bureau de la FAO à Bruxelles qui a fait le lien avec la Journée mondiale de l’alimentation qui est célébrée chaque année le 16 octobre.
Le sujet a été présenté par trois intervenants de haut-niveau :
- El Mamoun Amrouk, Economiste principal, Division des marchés et du commerce du siège de la FAO qui a fait son intervention en ligne;
- Philippe Thomas, Chef de secteur, Crises alimentaires, Direction générale des partenariats internationaux, INTPA, Commission européenne; et
- Amaury Ghijselings, Chargé de recherche sur la souveraineté alimentaire, Centre national de coopération au développement, CNCD Opération 11.11.11.
Monsieur Amrouk, dont vous pouvez télécharger la présentation ICI , a d’abord fait le point de la situation actuelle de la sécurité alimentaire au niveau mondial qui est préoccupante avec une augmentation importante du nombre des personnes souffrant de la faim et de la malnutrition. Il a ensuite examiné les causes de l’insécurité alimentaire qui touche surtout les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, en mettant l’accent sur l’évolution des prix des principales denrées alimentaires. Il a ensuite rappelé le role du commerce mondial pour la sécurité alimentaire et une utilisation efficiente des ressources naturelles mais de nombreux pays restent vulnérables aux chocs et doivent diversifier leurs sources d’approvisionnement et les pays à faible revenu sont confrontés aux couts commerciaux trop élevés.
Monsieur Thomas, dont la présentation peut être téléchargée à partir de ce lien, a mis en exergue les contraintes naturelles qui impactent la production agricole (dégradation des sols, changements climatiques,…) face aux besoins croissants d’une population en augmentation et de plus en plus urbanisée. La pression sur les ressources naturelles essentielles à l’agriculture (comme par exemple le phosphate) rend de plus en plus de pays fragiles. Face à cette situation, il faut assurer au plus tot une transition vers des systèmes alimentaires plus durables et résilients comme le prônent les programmes lancés par la Commission européenne : « Green deal » et « Farm to Fork ».
Monsieur Ghijselings, dont la présentation peut également être téléchargée ICI, a rappelé l’importance de la petite agriculture paysanne qui produit 60 % de la nourriture consommée dans le monde et le poids exorbitant des grandes multinationales qui dominent le marché mondial avec des conséquences désastreuses comme la spéculation qui pousse les prix à la hausse. L’insécurité alimentaire est aussi exacerbée par les habitudes alimentaires dans les pays riches ou la viande tient une place trop importante, par le gaspillage, les biocarburants et les « fast-food ». Le commerce international dont les déséquilibres résultent en grande partie de l’époque coloniale, est maintenant dominé par les politiques libérales, les accords de libre échange et l’agro-business au détriment des petits producteurs, des cultures locales et de l’environnement. La crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine démontrent les limites du commerce international pour assurer la sécurité alimentaire. L’alternative, c’est la souveraineté alimentaire et l’agroécologie qui sont bien expliquées sur plusieurs « slides ». Le Commerce international continue a jouer un role mais il doit être limité à ce qui ne peut être produit localement avec des normes sociales et environnementales contraignantes et un traitement spécial pour les pays les moins avancés. Le commerce regional et local doit être privilégié.
Le débat qui a suivi a permis d’approfondir ou de préciser plusieurs points.