14 novembre 2025: Atelier de l’UNA Belgium dans le cadre du SDG Forum
L’impact des coupes budgétaires majeures dans l’aide au développement sur les ODD : les pays riches commettent-ils une grave erreur ?
Tel était le sujet de l’atelier organisé le 14 novembre dans le cadre du SDG Forum 2025 par l’UNA-Belgium qui rassemble l’APNU et nos collègues néerlandophones de la VVN. Le SDG Forum a pour objet de mettre en lumière les Objectifs de développement durable (ODD-SDGs). Ce Forum annuel réunit à Bruxelles les acteurs de secteurs très variés et offre l’opportunité de participer à un large éventail d’ateliers, de séances plénières et de débats. Ces dernières années, UNA-Belgium a tenu un atelier dans le cadre du Forum. La responsabilité de son organisation incombait cette fois à la VVN.
Cet atelier avait donc pour objet d’examiner les effets négatifs potentiels des réductions des programmes d’aide au développement, tels que l’aggravation des inégalités, l’affaiblissement des services publics et la réduction de l’espace accordé à la société civile dans le Sud global, ainsi que leurs conséquences pour la réalisation des ODD. La discussion a également porté sur les les implications de la tendance mondiale à
à réduire ou à transformer l’aide publique traditionnelle au développement au profit d’approches axées sur l’investissement pour la mise en œuvre des ODD dans les pays à faible revenu.
Les intervenants dans cet atelier étaient:
Jean Van Wetter, CEO, Enabel, l’Agence belge de coopération internationale,
Jean Bossuyt, encore récemment associé à l’ECDPM (European Centre for Development Policy Management),
Liliana Lizarazo Rodríguez, professeure-chercheuse, Brussels School of Governance, et
Loïc de Cannière, fondateur de Incofin Investment Management et auteur.
Les débats ont été introduits par Vic Vereecke de la section Jeunes de la VVN, et modérés par Peter Wollaert, Président de la VVN . Bénédicte Frankinet, Administrateur de l’APNU, a tiré les conclusions.
Alors que la plupart des pays de l’OCDE sont loin d’avoir atteint l’objectif de 0,70 % de leur PIB pour les montants qu’ils consacrent à l’aide publique au développement (APD), ces montants diminuent au contraire de façon importante depuis plusieurs années. Cette tendance s’est encore accrue avec les coupes drastiques décidées cette année par le gouvernement des États-Unis. Pour la plupart des intervenants, ce déclin est en partie dû à la manière dont l’APD est perçue par les opinions publiques et leurs représentants. Pour y remédier, il est temps de changer de narratif, d’oublier les concepts paternalistes de charité, pour considérer la coopération internationale plutôt comme un partenariat où toutes les parties sont gagnantes dans l’esprit de l’ODD 17 et, dans certains cas, comme dans un système transactionnel. L’appellation d’APD devrait sans doute être modifiée: la distinction entre pays en développement et pays développés est en effet dépassée, le monde a changé avec l’émergence de nouveaux acteurs puissants (pays du Golfe, Asie du Sud-Est, Brésil…).
Par ailleurs, plusieurs intervenants ont insisté sur la responsabilité des « pays en développement » eux-mêmes : des ressources locales parfois abondantes, sans parler des importants transferts de fonds effectués par les populations émigrées vers leur pays d’origine, ne sont pas correctement affectées. C’est le cas en particulier en Afrique où les besoins sont énormes, croissance démographique oblige; le potentiel d’investissements productifs y est pourtant très prometteur, à condition de l’orienter vers le durable et le socialement acceptable. Plusieurs exemples d’investissements allant dans ce sens sont d’ailleurs apparus récemment.
Ceci dit, l’aide publique reste essentielle pour l’action humanitaire, compte tenu de la multiplication des crises dues aux conflits persistants ou aux catastrophes naturelles et l’APD peut encore jouer un rôle positif sous forme d’aide budgétaire couvrant tous les aspects des ODD.
En conclusion, il est clair que la réponse est plus complexe que la question posée. Plusieurs aspects n’ont pas pu être évoqués, comme le rôle des institutions financières internationales. Il est toutefois possible que les décisions récentes de coupes drastiques dans l’APD suscitent une réaction salutaire dans l’affectation des ressources aussi bien dans les pays en développement que dans les pays riches.
