Face à Trump, le Centre du Commerce International de l’ONU reste un levier important du commerce équitable et durable
Le Centre du commerce international (ITC) est une agence conjointe de l’ONU et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Sa mission principale est d’aider les petites et moyennes entreprises (PME) des pays en développement à accéder aux marchés internationaux, en leur fournissant une assistance technique, des formations et des outils pour renforcer leur compétitivité.
Le commerce international est un moteur clé de revenus, d’emplois et d’innovation dans de nombreux pays. L’ITC vise à le rendre plus accessible en renforçant les exportations des pays les moins avancés et en facilitant leur accès aux marchés en supprimant les barrières commerciales. Son action s’inscrit principalement dans l’Objectif de développement durable n°17, consacré aux partenariats mondiaux équitables.
Parmi ses initiatives, l’ITC développe des programmes comme SheTrades, qui soutient l’autonomisation économique des femmes entrepreneures, ou Youth & Trade, qui propose aux jeunes des formations adaptées à leur contexte local. Dans le cadre de l’initiative Global Gateway portée par l’Union européenne, l’ITC met aussi en œuvre des projets pour renforcer les capacités productives locales.
Instabilité commerciale mondiale: les PME des économies en développement fragilisées
Dans un contexte mondial marqué par le repli sur soi, le désengagement multilatéral, et la montée des inégalités, le commerce international reste un levier important de développement. Pourtant, cette dynamique s’est récemment fragilisée, notamment sous l’administration Trump, dont l’approche protectionniste a profondément déstabilisé les équilibres commerciaux mondiaux.
Ce basculement s’est traduit par une remise en cause des institutions multilatérales comme l’OMC, au profit d’accords bilatéraux, affaiblissant ainsi la position des pays les moins avancés et rendant l’accès aux marchés plus complexe pour les PME.
Cette tendance est d’autant plus préoccupante que les États-Unis comptent parmi les contributeurs de projets clés de l’ITC, notamment via le financement de programmes menés en partenariat avec USAID — une agence qui a récemment vu plus de 80 % de ses programmes supprimés, avec des répercussions sur ses partenariats, y compris avec l’ITC.
Dans ce contexte d’incertitude, les PME peinent à suivre l’évolution rapide des normes internationales, à satisfaire des exigences toujours plus strictes, ou à exploiter des accords commerciaux souvent trop techniques. La fragmentation du système multilatéral accentue ces déséquilibres, au détriment de ces entreprises qui, pourtant, jouent un rôle crucial dans la croissance économique et l’emploi à l’échelle mondiale. Sans un accompagnement structuré et soutenu, leur intégration dans le commerce international reste menacée.
Dans un récent communiqué, l’ITC alerte sur les effets négatifs potentiels des nouveaux tarifs douaniers américains sur les pays en développement, notamment ceux fortement dépendants des exportations vers les États-Unis. Des pays comme le Lesotho, le Bangladesh ou encore Madagascar risquent des pertes d’exportation considérables, menaçant la stabilité économique de secteurs entiers, en particulier celui du textile.
Cela rappelle que l’internationalisation des PME n’est pas sans risques. Sans accompagnement adapté, ces dynamiques risquent d’exclure les plus petites structures ou d’affaiblir les économies locales, creusant ainsi les inégalités.
Pour atténuer ces impacts, l’ITC recommande trois priorités d’action :
- diversifier les marchés d’exportation;
- monter en gamme via l’innovation et la transformation locale des produits;
- renforcer l’intégration régionale.
L’organisation propose aussi des outils d’analyse pour accompagner les pays dans l’identification d’opportunités commerciales alternatives et la valorisation de leur potentiel exportateur. Consulter les ressources en ligne | Lire la série “Exploring US tariffs”
L‘ITC: un rôle crucial mais limité
Dans un contexte de fragmentation du multilatéralisme, le rôle des agences onusiennes, comme l’ITC, est plus que jamais crucial. Elles apportent un soutien pratique et concret aux entreprises en difficulté sur le terrain.
Cependant, malgré ses efforts, l’ITC fait face à des limites structurelles : manque de coordination locale, suivi insuffisant des bénéficiaires et difficultés d’adaptation aux contextes locaux freinent l’impact de certains projets. Sans appui national cohérent, l’accompagnement des PME reste souvent limité dans sa portée et ses effets.
Renforcer l’impact de l’ITC passe ainsi par des moyens accrus, mais aussi par une meilleure articulation avec les politiques nationales de développement.
Céline Carrabetta, Association pour les Nations Unies